Sauvons la forêt de Branches

Eric Lenoir

Aujourd’hui, il y avait réunion publique d’information.

(Attention, grosse tartine, mais c’est bien, tu vas voir)

 

Enfin il y avait une réunion à laquelle le public pouvait venir si, par miracle il avait été informé qu’elle avait lieu, à 14 h (génial pour les travailleurs) dans un lieu qui a changé quelques jours auparavant, tout aussi discrètement, annoncé le jour même par l’Yonne Républicaine qui en était pourtant informée depuis un moment.

Pas de bol pour les organisateurs (syndicat mixte intercommunal), la prise de conscience écologique et sociale enfle considérablement dans l’Yonne et les citoyens s’investissent beaucoup plus aujourd’hui dans la protection des écosystèmes et la transition qu’ils ne l’auraient fait ne serait-ce que 2 ans plus tôt.

Dans une ambiance extrêmement électrique, élus et représentants d’instances départementales, voire nationales nous ont présenté leur projet de transformation de l’aérodrome Auxerre-Branches pour en augmenter la fréquentation et développer l’attractivité économique et touristique locale par son intermédiaire, notamment en séduisant les investisseurs internationaux qui pourront désormais poser leur Falcon en vol direct depuis Pékin ou Brasilia, entre ceux des joueurs de foot de l’AJA Auxerre.

Ah, au passage il faudra déboiser entre 30 à60 ha.

L’argumentaire a été démonté dès les premiers mots, aucune des justifications évoquées ne résistant aux chiffres, aux données, aux interventions pertinentes d’un public très motivé, malgré une moyenne d’âge justifiée par l’horaire dégueulasse donné à la rencontre.

Au-delà du projet lui-même, c’est l’ineptie d’y avoir songé en ces termes qui a été dénoncé, par un chœur de citoyens profondément vivants qui ne laisserons aucun champ libre aux décideurs, y compris le préfet.

Pollution sonore et chimique due à un trafic augmenté, destruction d’écosystèmes fonctionnels dans la réduction des problématiques climatiques et nano-climatiques, absurdité de l’accroissement de nouvelles zones économiques à l’écart des cœurs de villages, ridicule tentative de justifier l’intérêt pour les touristes alors que l’urbanisation est ce qui les fait le plus fuir, dérangement d’une zone natura 2000 au pied de l’aéroport, mauvaise analyse des priorités, contrevenance au plan climat régional, etc. Autant de raisons ne pouvant que décrédibiliser les promoteurs du projet qui pensaient n’voir à le mener que comme une simple formalité.

Eh bien non, ça ne va pas couler de source dans les mares locales. Nous ne laisserons pas l’argent public dégrader notre environnement sans réagir et le démontrerons à  nouveau. Ce projet est passéiste et ne s’inscrit dans aucune forme de projet ni de réalisme quant à l’avenir, aux priorités à lui donner.

Nous nous ferons entendre, et serons plus nombreux encore.

Une bonne nouvelle arrivée aujourd’hui aussi : il semble que les juges empêchent de plus en plus souvent les préfets de pondre des arrêtés locaux facilitant l’urbanisation ou l’industrialisation. Qu’il est de moins en moins facile pour l’état - et ce gouvernement en particulier- de faire appliquer ses mesures de « simplifications » environnementales.

Ils ont du bon sens, les juges. Ils sont probablement  plus lucides que ces élus qui ne comprennent même pas à quel point l’opinion publique les désapprouve et les désavoue lorsqu’ils s’inscrivent dans la continuité de l’erreur consistant à favoriser l’économie avant tout (et mal en plus).

Et qu’elle reprend la main cette opinion publique, parce que les citoyens se dressent enfin de nouveau pour se faire entendre, respecter, et offrir le meilleur possible à leurs enfants…plutôt qu’à des actionnaires. 




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